Expliquer la blockchain dans les finances publiques
Jeton DZD – monnaie du Maghreb
Qu’est-ce que la blockchain ?
La blockchain est une technologie de registre distribué qui enregistre les transactions sur un réseau d’ordinateurs de manière sécurisée, transparente et immuable. Chaque transaction est regroupée dans un « bloc », lié chronologiquement aux blocs précédents pour former une « chaîne », et validée par les participants du réseau (nœuds) via des mécanismes de consensus. Une fois ajoutées, les données ne peuvent plus être modifiées sans l’accord du réseau, ce qui réduit les risques de falsification ou de fraude.
Caractéristiques clés :
Décentralisation — aucune autorité unique ne contrôle le registre.
Transparence — les utilisateurs autorisés peuvent consulter l’historique des transactions.
Immutabilité — les enregistrements sont permanents et vérifiables.
Contrats intelligents — du code auto-exécutable qui automatise des actions lorsque des conditions sont remplies (par exemple, libérer des fonds après vérification de la livraison).
La blockchain dans les finances publiques
Les gouvernements gèrent d’importants fonds publics à travers le budget, les marchés publics, les dépenses, la distribution d’aides et la politique monétaire. Les systèmes traditionnels reposent souvent sur des bases de données centralisées, des intermédiaires et des processus manuels, entraînant inefficacité, manque de transparence et vulnérabilités à la corruption ou aux erreurs.
La blockchain répond à ces problèmes en offrant un suivi infalsifiable des fonds, l’automatisation des processus et des audits en temps réel. Elle transforme la gestion des finances publiques en rendant les transactions vérifiables par les citoyens, les auditeurs et les organismes de contrôle, renforçant ainsi la responsabilité et la confiance.
Principales applications :
Budgétisation transparente et suivi des dépenses : traçabilité complète des fonds, automatisation via contrats intelligents.
Marchés publics : enregistrement transparent des appels d’offres, contrats et paiements, réduction du favoritisme.
Distribution des aides et prestations sociales : transferts directs et traçables, réduction de la fraude.
Monnaies numériques de banque centrale (MNBC / CBDC) : versions numériques de la monnaie nationale, favorisant l’efficacité, l’inclusion financière et le contrôle monétaire.
Exemples concrets
Obligations d’État tokenisées : l’Ouzbékistan (2025) a émis le jeton HUMO adossé à des obligations.
Plateformes de marchés publics : la Géorgie et la Colombie utilisent la blockchain pour le suivi des contrats et des fonds.
Aide humanitaire : le Programme alimentaire mondial de l’ONU utilise la blockchain pour l’aide aux réfugiés.
MNBC : e-CNY (Chine), Sand Dollar (Bahamas), eNaira (Nigeria), projets pilotes au Brésil (Drex) et dans l’UE.
Énergie et données publiques : le Chili enregistre des données énergétiques sur la blockchain.
Avantages
Transparence : audit public en temps réel, réduction de la corruption.
Efficacité : automatisation, moins de délais et de coûts administratifs.
Réduction de la fraude : données immuables et identités vérifiées.
Responsabilité : contrôle facilité et confiance renforcée.
Inclusion financière : accès élargi aux services financiers.
Défis
Scalabilité et coûts : mise en place initiale élevée.
Cadre réglementaire et protection des données : équilibre entre transparence et vie privée.
Manque d’expertise technique : intégration complexe avec les systèmes existants.
Résistance au changement : adoption progressive et interopérabilité nécessaire.
Malgré ces défis, la blockchain est de plus en plus expérimentée à travers le monde (UE, Royaume-Uni, Singapour). Elle représente une évolution vers des finances publiques plus transparentes, efficaces et responsables, même si son adoption complète dépend des choix et du contexte de chaque pays.